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Artémis Coeur d'Artichaut de Hubert Viel - 2013

Artémis Coeur d'Artichaut de Hubert Viel - 2013

Toutes les jeunes femmes introverties seraient des déesses en puissance? Artémis, 23 ans, étudiante en Lettres Modernes à la mode de Caen, ne sacrifie sa précieuse solitude que pour les animaux et les enfants. Son mépris pour l'humanité va faire l'objet de ce court métrage au long court qui va emprunter ici au montage de Godard et là aux caprices si humains des dieux Grecs. En réinventant le mythe à l'ère du punk pour enfants et des pizzas à emporter, Hubert Viel porte aux nues les origines quasi-mystiques du cinéma. Que nous dit ce premier film si ce n'est que le réalisateur d'aujourd'hui n'est jamais que le conteur hypnotique des temps immémoriaux? Devant un public conquis, Hubert Viel se fait le narrateur omniscient des contes moraux que vivent au quotidien tous les mortels.

Le film est en noir et blanc, comme pour invoquer une intemporalité qui n'en demeure pas moins un clin d’œil à ceux qu'il admire. Huber Viel se donne le beau rôle de celui qui sait tout, voit tout. De la rue, il observe une fenêtre. Son héroïne habite ici, elle vient de se lever, il le sait. Alors autant s'inviter chez elle dans le plan suivant. Le cameraman semble étourdi par tant d'ubiquité mais la déesse de la chasse continue à prendre son petit-déjeuner comme si de rien était. Viel nous dit tout ce qu'il y a à savoir, ou presque sur cette jeune femme qui a renoncé à une famille bien trop dispersée. Son père Zeus, brille par son absence, trop occupé à faire de nouvelles conquêtes et élaborer de nouveaux stratagèmes. Souvent seule, Artémis va pourtant défier sa nature profonde en écoutant les conseils du narrateur. Elle choisit Kalie Steaux (Callisto) pour colocataire. Le destin est en marche! La blonde au manteau de cuir est son opposée. Pourtant, la fable nous dit que la nymphe lui jurera fidélité et abstinence. Grandiloquente et très sociable au lit, Kalie bouscule le quotidien d'Artémis et très vite les deux amies partent à l'aventure dans un road-trip sur sables mouvants.

Tout ce cinéma écrit qui crie le clap de fin et lance des éclairs en plein soleil n'est que pure vérité! Quelques affiches et de rares parties de chasses et de pêche nous rappellent l'imagerie de la Grèce Antique mais le récit nous envoûte non pas par son esthétisme rétro mais par le regard enchanteur que le cinéaste porte sur cette vierge farouche qui fuit ses sentiments et les bouches des hommes comme la peste. En déesse reine, ses pouvoirs lui permettent toujours de retomber sur ses pattes de féline qui aimerait tant ressembler aux héroïnes têtues de l'Age d'Or hollywoodien. Si seulement elle pouvait être comme ces femmes aux épaulettes et au dos nu qui cherchent toujours à tenir tête aux hommes. Patience pour Artémis qui se réfugie encore sous la couette, à l'ombre de ses souvenirs d'enfance. Mais déjà, elle commence à se reconnaître dans le reflet des films de Howard Hawks.

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