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A good wife (Dobra zena) de Mirjana Karanovic - 2016

A good wife (Dobra zena) de Mirjana Karanovic - 2016

A Good Wife de Mirjana Karanovic fait partie des dix films européens sélectionnés à l’occasion de la première édition de ARTE Kino Festival

Que reste-t-il de la guerre des Balkans si ce n'est une amnésie collective et les treillis remis au placard? Les tortionnaires d'hier sont restés les hommes forts de la Serbie d'aujourd'hui mais la fiction tente une fois de plus de réparer le réel avec ce portrait de femme pris dans un dilemme cornélien.

Nue devant la glace, Milena s'émeut de voir les plis et les rondeurs de son reflet, celui d'une épouse aimante et d'une mère exemplaire. Boniche en chef, elle chérit les siens qui ne le lui rendent pas franchement. Avec son mari, ex-chef de guerre, elle mène la belle vie entre restaurants, folles soirées entre amis et métaux précieux autour du cou. Même le Pope mange à sa table, c'est dire.

S'il fallait entamer des procès pour crimes de guerre, faudrait-il enfermer la moitié de la Serbie, se demande une avocate en plein débat télévisé. Il n'en fallait pas plus pour bousculer le quotidien de la quinquagénaire. Quel est donc le prix de ce bonheur facile? A y regarder de plus près, la K7 cachée au fond d'un tiroir pourrait bien nous donner quelques réponses. Jusque-là incapable d'aller jusqu'au bout de la bobine, il faudra bien que Milena ouvre les yeux sur l'homme qui partage son lit.

A good wife (Dobra zena) de Mirjana Karanovic - 2016

L'une des actrices fétiches de Kusturica se donne ici le premier rôle pour dire le tumulte silencieux d'une femme à la croisée des chemins. Mirjana Karanovic se livre avec brio et pudeur dans chaque scène à un jeu d'équilibriste comme pour donner le vertige à cette Serbie duelle. Ici, les hommes boivent et menacent quand les femmes parlent et passent à l'acte. Aussi, les jeunes ivres de l'Ouest se détournent d'une génération sclérosée par la fierté nationale. Par-delà ces jeux d'opposition, la réalisatrice porte sur ses épaules, et jusque dans la chair de son personnage, la tumeur maligne qui pourrait s'avérer fatale à son pays.

Voici donc le dernier beau bébé des coproductions Serbo-croates, après le torride Soleil de Plomb de Dalibor Matanic. Pourvu qu'elles fassent encore beaucoup d'enfants.

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