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L'amour est un crime parfait de J-M et A. Larrieu - 2013

L'amour est un crime parfait de J-M et A. Larrieu - 2013

Un incendie couve sous la blancheur immaculée. Nous sommes non pas des souvenirs mais des paysages. Comment s'appelle-t-elle? Nadia? Najat? Emma? Non, c'est Barbara. Une étudiante prometteuse, au corps digne de contenter à la fois Botticelli et Fellini, dans le chalet et sous le regard impénitent du vilain professeur de littérature. Une nuit d'éclipse. Mathieu Amalric séduit à coup de citations, il pourrait bien tuer à coups de hache, qui sait?

Lausanne est enneigée et plus lumineuse que jamais. Maïwenn est énigmatique. Belle-mère bienveillante ou marâtre? Mais où est passée Barbara depuis une semaine? Tout est offert à l'oeil, tout est en transparence et semble ne cacher ni ombre ni secret. Les montagnes suisses se donnent sans pudeur aux vitres immenses de l'université. Tout est aseptisé, on s'endort comme sur un nuage. Ecrans plats, fumée blanche, fauteuils blancs et aucune aspérité. Podalydès est le point noir de ce monde sans tâche. Il gêne, il brise la glace, il fissure l'image du professeur. Ce dernier est connu pour apprécier les jeunes étudiantes en fleur. Ses élèves sont incapables de dépasser un "je" monotone et sans saveur, incapables de dépasser une autofiction insipide. Ils ne franchissent ni les sentiers du mystère ni ceux de la dramaturgie.

Marc (Mathieu Amalric) vit avec sa soeur Marianne (Karin Viard), travaille dans le même bâtiment que sa soeur, et finit toujours par se justifier auprès d'elle. Elle veut plus, elle est jalouse, elle le veut lui, tout entier. Et parfois elle l'a.

Il se trame quelque chose. Ses élèves sont plus belles les unes que les autres. Beauté fantasmée ou réelle? Le Paradis blanc de Christophe, il ne manquait plus que ça. Anna (Maïwenn) "a eu un blanc". Même les toilettes sont blanches.

Annie (Sara Forestier) aime les sucettes, les pulls blancs et les cours particuliers. Marc est un piètre écrivain, alors il enseigne. Voilà deux scorpions qui veulent se séduire. Le vent Nabokov commence à souffler sur cette intrigue. Un quadragénaire petit-bourgeois, bien installé dans la vie se perd dans le dédale de ses pulsions érotiques. Il peut tout perdre parce qu'il désire, parce qu'il tourne le dos aux conventions et au bon sens. Et puis il découvre une femme de son âge, il redécouvre l'excitation et l'enthousiasme. Marc se débarrasse de tout et de tout le monde au hasard d'un trou béant, une fosse commune entre deux montagnes. Meurtrier somnambule ou tueur de sang-froid? Est-il ce loup en milieu urbain? Nous voilà en présence du nouveau héros de Bret Easton Ellis. Swiss Psycho? Où est le fantasme? Où est la réalité? Marc couche avec Marianne? Marc couche avec Marianne et fume.

Il est à court de feu, sa bien-aimée n'était qu'une illusion, la vérité nue, sans peignoir, c'est qu'elle est flic. L'autre vérité, celle de l'enfance, c'est que sa mère les battait, son père se taisait. Il a mis le feu à la maison à 11 ans. Barbara est dans un trou près du chalet. Il avoue. Il met le feu à la chambre d'hôtel à 50 ans. Une fin à la Maria Braun. Il n'a plus la force de séduire et de balancer la vérité aux oubliettes. L'amour est un crime parfait!

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