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My Father, My Lord de David Volach - 2007

My Father, My Lord de David Volach - 2007

David Volach regarde sa propre communauté où il n'y a de société que patriarcale. Il a une connaissance intime du quotidien des ultra-orthodoxes. Le film aborde le rapport au père de famille comme au père spirituel. Le père, le seigneur de Menahem Eidelman, 6 ans.

D'abord, un rabbin qui doute, épuisé, qui pleure. Une synagogue en prière. Le recueillement. Le silence. L'austérité. La bénédiction des aliments. Menahem est le fils du Rabbin Abraham. Pas de délices du lit conjugal, mais l'érudition encore et encore. La vie conjugale filmée en deux lits séparés, en deux nuits séparées, deux quotidiens qui ne se rencontrent jamais. Au lever, le père remercie le seigneur pour ce qu'il est, pour Israël, pour son fils. Dans ce quartier, tous sont unis par la même foi, la même orthopraxie, la même apparence, les mêmes soucis, la même obsession d'être un bon juif en étant le meilleur des juifs. Menahem est protégé du monde extérieur comme la colombe d'en face protège son oisillon. On cultive l'entre-soi dans le culte des textes religieux. On chante des passages de la Torah pour les enfants. Tout est prétexte à enseigner la foi aux enfants. Mais parfois il arrive à Menahem de faire l'enfant, il pose des questions, il pleure, il dit non. Pour le rabbin c'est inacceptable.

Les filles et les femmes sont exclues de ce monde, elles éduquent, elles mesurent, font les courses, lavent, cuisinent mais qu'elles ne franchissent pas la porte de la yeshiva. D'homme il n'existe que le tsadik, le juif qui vénère Dieu, l'homme de Torah. Seul le tsadik peut jouir de la Providence individuelle. Les autres, les non-juifs, doivent se contenter de la Providence collective. Tout a été créé pour la Torah. "Sans la Torah, on apprendrait la pudeur chez le chat". Après une démonstration de méditation transcendantale, Menahem est tantôt fasciné par la parole du père, son charisme et son éloquence, tantôt captivé par le texte religieux.

C'est aujourd'hui le départ pour la Mer Morte. Avant, le rabbin devra faire fuir la colombe qui avait fait son nid au bord d'une fenêtre de la yeshiva. Pour lui c'est un commandement, "tu renverras la mère et tu t'empareras de ses petits si tu croises un nid sur ton chemin". Voilà la mitsvah du renvoi du nid, voilà ce qui échappe à un garçon de 6 ans qui ne voit qu'injustice et aberration. Pour son père, les lois du Tout Puissant doivent être appliquées, sans se demander pourquoi. Maman se rendra à la plage réservée aux femmes pendant qu'eux iront à la plage des "grands"

Tout le récit s'articule autour d'une forme d'incommunicabilité entre la foi et la vie. A force de contempler sa foi, de ne pas la mettre à l'épreuve des grâces de la vie, le rabbin Abraham pourrait bien en venir à tuer, à déchirer, à assécher, à asphyxier. Menahem s'est certainement noyé. Les autres s'affolent, le rabbin continue à prier. Etait-ce la volonté de Dieu? Une mise à l'épreuve? Une punition pour avoir méprisé la vie? Il ferme les yeux, prie pendant que l'hélicoptère essaye de retrouver la trace du petit oisillon pris dans les vagues. La mère, Esther, garde les yeux bien ouverts. Le miracle n'a pas eu lieu. Son corps est retrouvé dans la mer affolée.

"Esther. On ne pleure pas le jour de shabbat". On retourne sur les premières scènes : les larmes du deuil, l'absence du fils dans la synagogue. Esther ne peut plus se plier aux rites, aux codes, elle n'a plus la foi. Ce monde sans sexualité est aussi un monde sans amour.

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