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Caprice d'Emmanuel Mouret - 2015

Caprice d'Emmanuel Mouret - 2015

Un jazz d'ascenseur distille une désagréable odeur de naphtaline tout au long de cette comédie romantique pour nous emmener bien bas, jusqu'au 36ème dessous. Les rues du Paris de Mouret sont vides. Seuls les immeubles haussmanniens partagent l'affiche avec des personnages nombrilistes censés nous donner une leçon sur le miracle de l'amour réciproque. Voilà pour l'atmosphère. Clément (Emmanuel Mouret) est instituteur, divorcé et heureux père d'un enfant de 10 ans, déjà fébrile devant Hugo en Pléiade. En amateur de théâtre, l'enseignant suit de près la carrière de la célèbre comédienne Alicia Bardery (Virginie Efira). C'est pendant la première représentation de sa dernière pièce que Clément se fait copieusement draguer par une belle brune sans nom, Anaïs Demoustier, qui voit dans le hasard la force du destin. Surexcitée, intrigante et spontanée, cette jeune femme habillée comme une lycéenne vient en contre-point de la relation qui va se dessiner entre l'homme discret et la tragédienne. Pendant que Mouret se demande pour qui bat son coeur et pour qui vibre son corps, le spectateur se pose une question encore plus fondamentale. Qui a accroché une perruque sur la tête de Virginie Efira? Toute de blanc vêtue, l'actrice est certainement vouée à incarner la pureté, la perfection miraculeusement accessible pour un homme qui idéalise le féminin, à l'image des figures de cinéma. Mais cette blondeur désincarnée, cette chevelure figée ressemblent davantage à un jeu de mime raté qu'à un clin d’œil de cinéphile.

Accrochez-vous pour croire une seconde à l'histoire qui vous est contée. L'icône des planches a besoin des services de l'instituteur pour donner des cours à son neveu. Après une perfusion de dialogues de roman de gare et une overdose de situations encore plus invraisemblables, les deux tourtereaux à la vue embuée par leur prose, finissent au lit. S'ensuivent des incartades, des emballements, des malédictions, du pardon et du harcèlement pour celle qui tire son épingle du jeu dans cette étrange saillie du cinéaste en vogue. Anaïs Demoustier en Caprice combative et manipulatrice est la seule raison de ne pas se décourager à l'idée de regarder le film jusqu'au bout. De son côté, Emmanuel Mouret a peut-être passé l'âge de ces badinages convenus, sans saveur, où il se pose toujours en gaffeur irrésistible, qui attire, bien malgré lui, les bombes platines comme des mouches. Mais cela devient lassant de voir des jolies minettes de vingt ans s'amouracher de vieux messieurs beaucoup moins jolis comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Le pompon est atteint quand Mathilde Warnier s'agrippe à Laurent Stocker pour l'emmener dans sa chambre. S'il vous plaît! Le Woody Allen de Stardust Memories et de Annie Hall peut se le permettre par son discours déchirant sur le bonheur fugace et une mise en scène irréprochable, mais certainement pas le casting de ce Caprice pas très réaliste. Malgré les tentatives de scènes burlesques, Jacques Tati a définitivement claqué la porte de ce triangle devenu parallélépipède amoureux pour laisser le scénario bancal aux mains d'un Claude Lelouch ivre d'eau de rose. Malgré lui, Mouret a tourné la poésie au ridicule. S'en remettra-t-elle?

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