Valley of Love de Guillaume Nicloux - 2015

Alerte enlèvement ! Le talent du petit Guillaume a été vu la dernière fois en 2012 dans La Religieuse. Comment ose-t-il? Comment ose-t-il commencer par une scène de nuque interminable? Isabelle Huppert marche, Isabelle Huppert tourne à gauche, Isabelle Huppert marche encore, Isabelle Huppert entre dans sa chambre d'hôtel, Isabelle Huppert pose ses lunettes.

Autant la rencontre au sommet entre Huppert et Depardieu était grandiose dans le Loulou de Pialat, autant il est pour le moins indigeste trente ans plus tard dans cette Vallée de la mort où tout sonne faux. Les monstres sacrés passés devant la caméra de Nicloux ressemblent plutôt à des dinosaures à la veille de leur extinction, étouffés par la chaleur. Tout est moite et suffoquant dans ce coin de la Californie. Le film se veut intimiste et croit capter des moments volés, des résurgences d'un amour passé mais le résultat est surtout bavard quand il ne tourne pas au long spot publicitaire pour le kit mains libres.

Toutefois le sujet n'est pas inintéressant. Le fils mal aimé de Guillaume et Isabelle s'est suicidé six mois plus tôt. Il a laissé à chacun une lettre les chargeant de revenir ensemble sur des lieux précis à des moments précis en échange de quoi il pourrait bien réapparaître une dernière fois. Ces lettres sont-elles juste des mots? Est-ce un simple pèlerinage? Est-ce un moyen pour le fils de punir ses mauvais parents une première et dernière fois? Est-ce un moyen pour eux de tourner la page? Sont-ils seulement capables de culpabilité? Pris dans l'immensité du paysage, les roches sèches et les chambres climatisées ils vont jouer le jeu de ce fils d'outre-tombe jusqu'à en porter les stigmates, être pieds et poings liés par le sang.

Et puis vient cette petite merveille qu'on n'attendait plus. Un hommage à peine caché à Edward Hopper. Huppert seule sur un banc, son visage irradie dans l'obscurité. Comme chez le peintre américain, le sujet hésite entre attente et désespoir. Ces quelques minutes font que ce film vaut la peine d'être enduré.